Quittant Castro en empruntant Market street, je constate que, depuis ma derniere visite dans cette ville, beaucoup d'immeubles ont ete restaures. Sans doute par la communaute gay.
Un froid soleil d'hiver joue sur les facades multicolores leur donnant des tons chatoyants. Quelques dizaines de metres plus bas, commence le domaine des "sans-abri". A San Francisco on ne les cache pas. Ils vivent sur les trottoirs qu'ils squattent avec leurs caddies remplis de sacs plastique et d'objets de toutes sortes. Une Chinoise ouvre les poubelles a la recherche de quelque objet a revendre ou recycler. Un homme se penche pour ramasser le megot jete par un quidam. Un peu plus loin un cul-de-jatte, assis sur une chaise d'infirme, discute avec un homme allonge sur le sol. Une femme avachie dans un fauteuil electrique particulierement large tourne sous le soleil sans doute pour se rechauffer. Son handicap ? Son obesite qui l'empeche de marcher.
Enveloppes dans des couvertures grises, toutes semblables (qui remplacent peut-etre les tentes rouges du Canal Saint Martin ?), hommes et femmes vont et viennent, sans but precis.
Civic Center : agglutines autour d'une magnifique fontaine comme si leur survie dependait de ce point d'eau, d'autres ont choisi d'y faire leur nid. Et ce sont des lits sur roulettes, habilles de couettes qui gardent leurs corps au chaud tout au long de la journee et certainement de la nuit.
Soudain, un cri d'animal sauvage me fait sursauter ! Je suis la seule. Sans doute cet homme est-il mal dans sa tete, mais qui s'en soucie ?
Une femme, obese elle aussi, prefere exprimer sa detresse en riant haut et fort. Je l'accompagne pendant quelques instants, son rire continue, ponctue de mots incoherents.
Un camion de pompiers passe, toutes sirenes hurlant... Pour secourir qui ?
Puis j'arrive a Union Square. Les joueurs d'echecs sont en pleine reflexion. Les touristes se pressent pres du Cable Car que font pivoter des hommes - sans doute tres muscles - pour le remettre en direction de la baie. Un noir brandit une pancarte : « Jesus loves you !».
De l'autre cote de l'avenue des limousines sans fin s'arretent devant un immense centre commercial. En descendent des « Fashion victims » qui ressortiront quelques heures plus tard les bras charges de sacs portant le sigle de grandes marques de luxe...
Eriam
